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Dix bigoudis

Photo du rédacteur: Marie-Josée RiendeauMarie-Josée Riendeau

Dernière mise à jour : 25 févr. 2024


Je vous ai déjà raconté comment, par la force des choses et presque accidentellement, j’avais choisi mon métier. Mais, ce que je n’ai pas dit c’est qu’ entre mes études en arts et lettres et la décision d’aller sur le marché du travail, j’avais, sans le dire à ma mère, changé d’orientation académique. En effet, alors que le besoin pressait pour moi de quitter le nid familial, je réalisais que des études en lettres ne parviendraient pas vraiment à payer un loyer. J’ai donc décidé de quitter le CÉGEP et de retourner au secondaire afin de m’inscrire à un DEP en formule courte. De cette manière, le jour de mes 18 ans, j’aurais un diplôme qui me permettrait de travailler.


L’année scolaire étant bien enclenchée, mes choix étaient plutôt restreints. Je cherchais dans mes compétences ou, à tout le moins dans mes intérêts, ce qui collerait le plus à ma personnalité et à mes aptitudes. Je me suis alors souvenue que j’aimais bien couper les cheveux de mes poupées plutôt que de jouer avec et que plus tard, après avoir rasé la tête d’une de mes amies, je m’étais mise à couper les cheveux des ses frères. Même ma sœur m’avait permise de me pratiquer sur elle. Pourquoi alors ne pas réessayer?


Me voilà donc inscrite en coiffure dans une polyvalente, nous étions jeudi, je commençais le lundi. Le soir même, j’ai annoncé la nouvelle à ma mère qui n’en a pas fait de cas. Tant que je ne lui parlais pas de mon homosexualité, tout était bon. Je me rappelle avoir passé le week-end à me demander comment ma rentrée allait se passer. Je me suis projetée dans mille et une hypothèses, sans doute les unes encore plus improbables que les autres. J’étais nerveuse mais confiante. J’avais déjà connu le secondaire, ça ne pouvait pas être plus mal?


Arrivée le lundi matin, j’ai mis mon pantalon préféré; un pantalon d’habit en laine noire que j’avais transformé en skinny en le cousant par l’intérieur et en y ajoutant des épingles de sûreté à l’extérieur, le long des mollets. J’ai mis une chemise blanche et un haut de tuxedo que j’avais trouvé dans un bazard. J’ai couronné mon look avec mes bottes de cowboy noires que j’avais payées une fortune et j’ai mis du gel dans mes cheveux pour me les coiffer à la “Grease”. Avant de sortir, je me suis regardée dans le miroir et, satisfaite, je me suis sourie et je suis partie.


J’ai grandi à Outremont et, pour ceux qui ne connaisse pas, c’est un quartier riche, un quartier habité à l'époque par des politiciens francophones, des artistes, des professeurs d’université et des philosophes. Ma nouvelle école était loin de chez moi, dans un quartier que je ne connaissais pas du tout. C’était un quartier ouvrier, un quartier très pauvre. À la sortie du métro De L’Église, j’étais complètement dépaysée, j'avais l’impression d'être dans une autre ville, un genre de Bronx mais où l'on parle français. Je ne me suis pas démontée et j’ai continué ma route vers ma nouvelle école, tout en essayant de ne pas porter attention aux regards posés sur moi. Je me disais que ce serait différent une fois à l’école, entourée de jeunes comme moi. Mais non, pas tout à fait. Mon style androgyne, mon allure de tomboy ne plaisait pas, ça dérangeait. Mon accent, parce que oui, j’avais un accent à leurs oreilles, me rendait prétentieuse. Mais tout ça, voyez-vous? Je m’en suis foutue. J’étais là pour une seule et unique raison. Je n’avais qu’un seul but, apprendre à couper les cheveux. Je pouvais presque déjà me voir, travaillant dans un super salon de coiffure… Peut-être même dans le village gai, qui sait?.


Je suis allée me présenter au secrétariat ou l’on m'a remis mon horaire de cours. Lundi, avant-midi : esthétique. J'ai soupiré de dégoût en me rendant au local. Je me consolais en regardant mon agenda, en après-midi c’était : coiffure.


À l’heure du dîner je me suis assise, seule, à la cafétéria, avec mon lunch. Je venais de passer presque trois heures à apprendre à appliquer de la crème, à mettre du fond de teint et à l’enlever. J'avais même eu droit à un cours magistral sur les différentes crèmes rajeunissantes et tonifiantes. J’étais écoeurée. L’odeur de crème, de parfum et de savon me montait au nez et me rendait nauséeuse. J’ai jeté mon sandwich.


La cloche s’est enfin fait entendre et, courant presque, je me suis précipitée dans le local de coiffure. La classe était composée de rangées de pupitres sur lesquels se trouvait une marotte et, à côté, des paniers remplis de bigoudis de toutes grosseurs, et ça sentait les œufs pourris. J'ai passé l'après-midi à entendre parler de permanente et de teinture tout en me pratiquant à tourner des cheveux synthétiques sur des bigoudis. Avant de partir, je suis allée voir le professeur pour lui demander à quel moment dans la formation nous allions couper des cheveux.


“Oh ça!? Pas avant le mois de mai!” On était en octobre. J’ai pris mes affaires et je suis partie, dépitée.


Vous ne serez pas surpris d’apprendre que je ne suis pas restée bien longtemps dans cette école, une semaine ou deux peut-être?


Voici donc, ma recette de bigoudis.



Cannelloni aux crevettes et aux épinards

Donne 8 cannelloni


Ingrédients :


8 cannelloni (pâtes sèches)

6 crevettes (20-30)

1 oignons jaunes

1 gros pion d’ail

30 ml de parmesan

¼ tasse de fromage en crème

poivre

4 tasses de bébé épinards


Mozzarella et parmesan en quantité suffisante pour le gratin


Méthode :


  • Préchauffer le four à 350°F ou 160°C

  • Au robot, hacher les crevettes, les oignons et l’ail

  • Ajouter les fromages et hacher de nouveau, assaisonner

  • Ajouter les épinards et hacher.

  • Farcir les cannelloni. Il est important que la farce soit dense à l’intérieur tout en faisant attention de ne pas les briser

  • Mettre dans un contenant allant au four

  • Ajouter la sauce. Sauce au choix, sauce tomate de base ou rosée.

  • Ajouter la mozzarella, mélanger à un peu de parmesan et cuire pendant environ 30 minutes ou jusqu’à ce que le fromage soit gratiné.





Pour accompagner les cannelloni aux crevettes, puisque la sauce rosée et un peu relevée, je vous suggère un blanc sec avec du caractère . Cusumano Angimbé Sicilia 2020. Le Catarina dont je vous ai déjà parlé aurait été aussi un excellent choix.

Bon appétit!

 
 
 

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