Samedi dernier, j'étais en conversation vidéo avec mon amie H, et si au début de notre rencontre j'étais très émotive et triste, mes émotions, au fil des heures que nous avons passées ensemble se sont apaisées. Même le rire et ma joie de vivre naturelle étaient de nouveau au rendez-vous. Alors que nous parlions de choses et d'autres, j'ai ouvert mon ordinateur pour valider une information sur le Net. Dès l'ouverture, ce fût le choc. Devant moi, une photo... L'autre, mon autre, lotie dans les bras d'une autre s'affichait en couple...
J'ai blêmi, mon rythme cardiaque s'est accéléré. J'avais un serrement à la poitrine et les mains tremblantes. Je me suis excusée auprès de H et j'ai abruptement mis fin à notre conversation, cavalièrement même. Je devais lui parler, elle était en ligne. Je devais lui dire... Il fallait absolument qu'elle sache... Et puis, rien, elle s'est déconnectée.
J'ai effacé le « Salut! » que je venais de lui envoyer et j'ai pris une grande respiration.
Ce n'est pas que je ne le savais pas... Je le savais. Je savais qu'elle allait rejoindre M. Je savais qu'elle l'aimait, je savais qu'elle allait tenter le coup. Je le savais, mais, j'arrivais souvent à l'oublier, ou alors, je me raccrochais à l'infime possibilité qu'elles ne puissent pas, qu'elles ne connectent pas, qu'elles ne se reconnaissent pas. J'espérais... Encore un peu.
La douleur s'est dissipée peu à peu pour laisser place à une fébrilité désagréable, un sentiment que je n'arrive pas à nommer encore aujourd'hui. J'avais envie que la journée finisse, je voulais être demain pour que je puisse ne plus ressentir la gifle que je venais de me prendre, mais il n'était que 17h00 et il me fallait survivre encore quelques heures.
J'ai passé la soirée à jouer à l'ordinateur et à boire. Je voulais me perdre, ne plus penser, ne plus ressentir. Et j'y suis arrivée, enfin presque. À 21h00, je n'avais même pas réussi à m’enivrer mais, n'y tenant plus, je suis allée me coucher. J'ai eu du mal à m'endormir, mais j'ai dormi, c'était l'essentiel. À 6h00, après une nuit agitée, je me suis réveillée et, comme d'habitude j'ai regardé mon cellulaire. L'autre, mon autre, ou devrais-je dire, son autre, m'avait envoyé un message.
Qu’est-ce que t'as effacé?
Tu veux rire?
V m'a écrit...
Elle m'écrivait, comme si de rien n'était, comme si elle ne m'avait pas infligé une prise de conscience violente et sans équivoque. Elle osait faire comme si... Je me suis levée et j'ai commencé mon Miracle Morning, je ne savais pas quoi lui répondre.
Couchée sur le dos sur mon tapis de yoga, je tentais de me concentrer sur les mouvements de mon corps, sur mes muscles et sur ma respiration mais, je n'y étais pas du tout. Je n'étais pas là, j'étais ailleurs, j'étais avec elle et je lui disais ce que je ressentais, simplement, sans colère et sans reproche. Je me suis donc assise, j'ai pris mon téléphone et c'est ce que j'ai fait. Nous avons échangé un moment et, finalement, c'est l'esprit libéré et en paix que j'ai accompli ma routine matinale.
Les jours suivants, j'ai senti une paix s’installer. Comme si, ce réveil brutal était nécessaire et bénéfique. Comme si cette claque allait enfin me permettre de passer à l'étape suivante et de refermer la porte, de fermer le livre sur ce chapitre.
Un peu plus tard dans la semaine, j'ai senti une distance se mettre entre moi et ma souffrance. Elle n'est pas partie, non car je la vois. Je la vois là, tapie dans un coin de mon cœur, mais elle ne m'empêche plus de me mouvoir, de nager, de danser et de vivre. Elle est là, je la vois, mais dorénavant, je peux choisir quand et comment je la prendrai dans mes bras.
Vous dire que depuis j'ai entamé le long processus du deuil serait sans doute vous mentir parce que pour qu'il y ait un deuil, il doit y avoir la mort de quelque chose et je ne sais pas comment tuer l'amour, je ne sais pas comment tuer l'espoir.
J’ai passé la fin de semaine au chalet avec mon amie J. Elle avait un superbe poulet de grain dans son frigo alors je lui ai proposé de faire un classique de mon enfance, une des rares recettes que j’ai garder de ma mère, le poulet au vin blanc.
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