
Il y a plusieurs années, je suis allée manger dans un bistrot sur la rue Mont-Royal. J’en parle comme si c’était tout un événement mais en fait, oui, c’en était bien un. Étant coeliaque, c’est très rare que je prenne la chance de le faire. D'autant plus qu'étant Chef, je préfère souvent cuisiner quelque chose de "fancy" à la maison plutôt que de sortir. Mais cette fois-là, c’était spécial.
J’imagine que pour le commun des mortels, ou vu de l’extérieur du moins, c’était un vendredi soir des plus ordinaires. Ce n’était l'anniversaire de personne, je n'avais pas gagné au loto ni rencontré l’amour. C’était juste un simple vendredi soir après une semaine de travail bien normale. Mais en dedans de moi, quelque chose avait bougé. Après des années de pénombre, le soleil renaissait enfin en moi, comme ça, sans coup d’éclat, sans feu de bengale ni clairon. Juste comme ça, parce qu’en quelque part je l’avais décidé certes, mais aussi parce que, pendant des années, j’y avais travaillé doucement. Tel une mosaïste, j’avais recollé un à un les morceaux de mon âme brisée pour créer ce que j’étais devenue, une femme belle et forte, porteuse de joie et enfin apte au bonheur. C’était comme si j'étais arrivée à destination ou en tout cas, j'avais le sentiment d'avoir accompli quelque chose et d’être rendue quelque part. J’avais la certitude que, désormais, j’avais en moi les capacités et les moyens nécessaires pour traverser les futures tempêtes de l’existence et que, plus jamais, je ne me perdrais et que je resterais sur le chemin du bonheur.
J’avais donc le cœur à la fête, l’envie de faire des folies, l’envie de me faire plaisir. Je me suis douchée, j’ai enfilé mon jeans préféré et mis une jolie chemise. Je crois même que j’ai mis du crayons sur mes yeux et je suis partie seule, au restaurant.
Assise à une table près de la fenêtre, je regardais dehors et je savourais le moment. Je me suis commandé un rouge et j’ai regardé le menu tranquillement. “Je ne suis pas pressée” avais-je dis au serveur. J’ai choisi un plat, une entrecôte servie avec une sauce au fromage bleu et au pignon de pin. C’était un choix un peu surprenant puisque je n’aime pas le bleu, mais, je voulais de la sauce et c’était la seule que je pouvais manger. Ça a été une découverte!
La viande se mariait harmonieusement bien avec cette sauce où l’amertume du fromage contrebalançait judicieusement le goût légèrement sucré de la crème et de la noix. Les frites et la salade étaient plutôt insignifiantes mais… J’étais au paradis. Je n’ai fait ni un, ni deux et j’ai analysé mentalement la recette afin de pouvoir la reproduire.
Ce que j’ai fait, quelques années plus tard, à mon amie H lorsqu’elle a enfin pu emménager dans son appartement après de longs mois d'attente. C'était un nouveau départ pour elle et je savais à quel point elle était heureuse. C'est un peu ma recette des jours de bonheur.
Hier, je me sentais bien, j’avais envie de fêter, les nouvelles étaient bonnes. Devinez ce que je me suis fait? Et oui, vous avez trouvé.
Macreuse de boeuf, sauce au bleu et aux pignons de pin
Ingrédients:
Pour 2 personnes
1 macreuse de bœuf par personne.
J’ai opté pour cette partie parce qu’elle présente un beau persillage ce qui lui confère une tendreté intéressante sans toutefois avoir une couche de gras à l’extérieur. C’est aussi une partie peu coûteuse comparativement à une entrecôte ou un filet. Mais vous pouvez choisir la partie que vous préférez.
Sauce :
250 ml de crème 15%
20 ml de noix de pin
30 gr de fromage bleu danois
Sel de l’Himalaya et mignonnette (poivre concassée)
Poivre du moulin
Accompagnement :
2 pommes de terre
Huile de noix
Sel et poivre du moulin
Méthode :
Préchauffer le four à 350°F ou 160°C
Griller les pignons de pin. Une fois refroidi, les piler au pilon et au mortier. Réserver.
Augmenter le four à 425°F ou 230°C .
Laver et essuyer les pommes de terre et les couper en gros quartiers. Les enduire d’huile de noix, saler et poivrer. Les mettre sur une plaque et faire cuire environ 20 minutes en les tournant à la mi-cuisson.
Bien que la plupart d’entre-nous s’en servent pour ranger nos plaques, poêlons et autres accessoires de cuisine, la fonction du tiroir de votre cuisinière est de chauffer et garder la vaisselle de service chaude. Donc, si possible…
Mettre les assiettes dont vous vous servirez à chauffer. Ceci vous permettra de réchauffer votre viande au moment du service sans toutefois altérer son degré de cuisson.
Pendant ce temps, dans une poêle en fonte ou en aluminium (de préférence ne pas utiliser une poêle anti-adhérente) cuire votre bœuf à la cuisson désirée. Réservé.
Dans la même poêle, verser la crème, ajouter la pâte de pignon et le fromage, fouetter jusqu'à ce que le fromage ait fondu et que le mélange soit homogène. Servir à part ou sur la viande, au choix.
Prendre note que si jamais vous avez chauffer vos assiettes et que vous aviez prévu servir de la salade, N’oubliez pas de la servir dans une assiette à part.
Pour le vin, soyons audacieuse, je vous suggère un produit québécois que j’apprécie énormément, Les Artisans du Terroir Prémices 2019.
Bon Appétit!
Comentarios